Lisez bien la présentation du contexte de cette série avant de commencer.

Suite du chapitre sur l’argent : https://thomascyrix.com/2020/11/27/largent/

Les dons

Attention si vous préférez vous voiler la face et persister à croire qu’en faisant un don vous êtes quelqu’un de bien qui fait une bonne action, quittez immédiatement cette page.

Sujet délicat, car 100% émotionnel. L’idée de départ est pourtant géniale :

« Tu aimes ce que fait cette personne ? Tu peux la soutenir !! »

En somme un modèle de bienveillance et de positivité !

…Sauf qu’on est sur Youtube. Et, dois-je encore le préciser, rien n’y filtre les opportunistes et parasites de tous poils (et surtout pas le public), qui se sont ainsi empressés d’identifier les failles et d’industrialiser le mécanisme. Pire encore, le système les récompense : Plus c’est gros plus ça passe. Et ça devient vite :

« Tu aimes cette personne ? Tu dois la soutenir !! (Mais te sens pas obligé mais quand même il va être à la rue si tu le fais pas) »

De l’autre côté du miroir, ça donne ça.

Il y a de nombreuses années, quand j’ai commencé sur Youtube, nous étions plusieurs à jalouser activement les fortunes que pouvaient recevoir untel ou unetelle sur Tipeee. En off, j’entendais toujours les mêmes réflexions :

• Pfff c’est vraiment des crevards, pensent qu’au fric
• 10 millions de vues pour cette m**** j’en reviens pas… Et tous les gosses qui se font aspirer leur argent de poche pour ces c***eries…
• Ouais lamentable, en plus regarde lui il fait même pas de contreparties
  • (Celui qui a dit ça n’en fait pas vraiment non plus aujourd’hui)
• Et elle là, à toujours s’habiller court pour attirer les dons nan mais quelle p***
  • (Je précise que l’auteur de cette ligne est depuis devenu un ardent « défenseur féministe », comme la plupart des youtubeurs de nos jours, principalement pour des raisons de popularité et donc de finances. Un type que j’ai bien connu qui disait aussi que si un jour il peinait à trouver une femme il irait faire un mariage arrangé dans un pays étranger. Sérieusement.)
• Et lui là, tout le monde l’adore alors que ces vidéos c’est voler un concept américain et tirer sur l’ambulance
  • (Ce qu’a précisément fait l’auteur de cette ligne plus tard, parce que ça rapporte)
• Mais elle cherche pas c’est juste parce que c’est la copine de tel youtuber connu
  • (La fille qui a dit ça il y a des années est aujourd’hui en couple… Avec un youtubeur qui l’entretient)

Evidemment en convention ou quand il s’agissait de faire un caméo dans les vidéos de ces gens plus connus, le discours changeait :

• Nan mais en fait c’est un mec super il est trop gentil
• Gentil comment ?
• Gentil à un million de vues
• Ah ouais donc vraiment vraiment gentil quoi
• Ouais faut que je m’en fasse un pote

Et quand les concernés commençaient à vraiment recevoir des dons, alors là le retournement de veste opportun la transformation était totale :

• Au final pour recevoir des dons faut pas mendier faut juste être
  

  SINCÈRE

Ben voyons. Et le pire, c’est qu’on les croit tous. Vous, moi, la plupart des gens ont soutenu ou soutiendrons ce genre d’écornifleur.

Et le pire du pire, c’est qu’ils finissent par avoir une réputation de gentils à force de nous prendre pour des poires. Les gosses y mettraient leur main à couper !

Mais tout cela résulte bel et bien d’un savant calcul, d’une fine manipulation, consciente ou moins consciente, du bon cœur des gens.

 « Un égoïste c’est celui qu ne pense pas à moi »

Eugène Labiche Tapin le Lapin

…Posons les bases d’entrée de jeu, et prenons un qualificatif plus adapté : C’est le commerce de la bien pensance. On peut le résumer en 7 piliers :

• Plus c’est gros plus ça passe
  • On peut aussi appeler ce point « Chantage affectif« . Pour maximiser vos revenus, il faut donner une raison aux moutons au public de vous soutenir. Généralement, des prétextes comme « c’est pas facile », « je suis en dépression », « c’est pour aider ma famille »… Les meilleurs n’hésiteront pas à laisser la caméra allumée en versant une petite larme. Vous trouvez ça gros ? Ce sont ceux qui vont le plus loin qui marchent le plus. Je persiste et signe : plus c’est gros, plus ça passe.
  • L’axe de l’arnaque l’astuce c’est de susciter la pitié, et surtout de flatter le donateur. En lui faisant comprendre qu’il est quelqu’un de bien parce qu’il soutien une bonne cause (le youtubeur). Et bien sûr, au contraire le faire culpabiliser s’il ne fait pas partie des donateurs.
• Identification
  • Pour mieux attirer la sympathie, il faut ressembler à ses victimes ses fans. Cela permet un processus d’identification qui atténue la méfiance. Ainsi on se retrouve avec des trentenaires qui parlent, vivent et pensent comme des collégiens : « Ouais son truc là c’est éclaté au sol ptdr« , « Oh j’ai mal à mon Kokoro« , « Comment j’ai trop géré en vrai« … Et les fans, s’identifiant alors totalement à leur modèle, trouvent ça totalement naturel.
  • On peut y adjoindre les thèmes également : Parler de sujets qui passionnent les gosses à longueur d’années, ça rend populaire (pour les gosses et les grands enfants). Très efficace. Mais franchement, vous croyez vraiment qu’ils sont sincères dans leur passion ? « Oh bah oui, puisqu’ils bossent beaucoup là-dessus« …
• Gains
  • Ne jamais hésiter à demander trop. De toutes façons les fans comptent mal (et c’est bien pour cela que je fais cet article).
  • Pour ce qui est des contreparties, inutile de vous en faire : Un poster ou un dessin imprimé en grosse quantité suffiront à justifier des dons à 3 chiffres, pour peu qu’il y ait une petite dédicace : Ca fait « vrai », ça fait « relation privilégiée » entre le fan et le youtubeur. C’est même ça l’arnaque. Et là je pèse mes mots : Vous n’avez PAS de relation privilégiée avec vos idoles. C’est du commerce. Et par derrière, la plupart vous méprisent ouvertement. Vous voulez savoir ce que j’ai déjà entendu au sujet des gros donateurs ?
    • « Wow 100€ de don !! Haha mais quel abruti celui-là »
    • « Ouais elle je l’appelle ma rente, parce que tous les mois elle me file 50 balles. Mais perso j’y toucherai pas même avec un bâton »
    • « Nan lui je l’aime bien. Une fois il m’a fait un don de 1000€. Mais bon il a l’air complètement taré, je pense qu’il doit être sous tutelle. Le rembourser ? Haha nan faut pas déconner »
    • « Elle me court après depuis des mois je la supporte pas.  Je pense que je devrais la tirer un coup pour la calmer mais t’as vu sa face… Mais bon elle fait des dons, ça fait partie du job les gens comme ça… »
    • « Alors lui il est trop c** : Chaque fois que je fais une blague sur ce jeu précisément, il fait un don. Du coup j’en fais plein, ça lui nique son argent de poche mdr »
    • Quand j’ai essayé d’en parler à certains fans, les réactions étaient toujours les mêmes : « Nan mais c pas possible il a l’air tellement gentil en vrai et moi quand je lui ai parlé il était sympa et respectueux » => Mais c’est ça le but, patate. Tu crois vraiment qu’ils vont te dire en face que tu pues du bec et qu’ils te trouvent bizarre mais rentable ?
• Exposition
  • L’essentiel du job, c’est la répétition. Plus tu demandes plus ça marche. Alors certes, en faisant cela tu risques de lasser une partie de ton audience. Mais entre perdre 10% d’audience et faire payer 20% des autres, le calcul est vite fait. D’autant plus que si tu contrebalances avec des sujets de vidéo rentables (tir sur l’ambulance, sujets geeks à la mode…) tu feras malgré tout de la croissance, alors à quoi bon avoir de la morale ?
  • Je vais vous dire ce qu’un youtubeur à la réputation de gros gros gentil m’a appris : « Il faut leur demander des dons sans avoir l’air d’en demander. Tu ne dis pas faites-moi des dons, tu dis si vous voulez faire des dons vous pouvez. Mais pour que ça marche faut le dire souvent. Pareil, tu remercies et tu flattes un peu ceux qui font des dons, en live surtout. Comme ça ils sentent forts et ils recommencent. Et les autres pour avoir ton affection ils vont être tentés de le faire aussi. ». Croyez-moi, ils savent très bien ce qu’ils font.
• Objet
  • Pour des raisons fiscales ou marketing, on peut choisir de proposer des contreparties en échange de dons. Cela devient alors une vente à prix libre. Oui, c’est bien de pur commerce dont on parle. Pour provoquer des dons il y a plusieurs leviers, en particulier :
    • Emotionnel : « Oh regardez comme je suis quelqu’un de bien qui soutient de bonnes causes et vous ressemble ! Aidez-moi à vivre de ma passion ou je vais pleurer tout seul dans mon carton dehors sous le pont »
    • Matériel : « Si vous me soutenez, vous recevrez un échantillon de mon caca EXCLUSIF !! Produit en grande quantité, mais personnalisé avec amour pour chacun d’entre vous, plus vous paierez plus vous aurez le droit d’afficher fièrement dans votre chambre votre collection de petits cacas à mon effigie qui fera votre fierté et la jalousie de vos amis ! »
• News
  • Pour que ça marche, votre page tipeee doit être actualisée souvent. Parce que ça fait de l’activité. Et plus il y a de l’activité, plus les gamins oublient que ça ne fait pas si longtemps que ça qu’ils vous ont fait ce dernier don de 20€. Et puis si vous leur faites des news toutes pourries réservées aux donateurs, ils se sentiront privilégiés. Et c’est bien ça que vous leur vendez. Un sentiment immatériel.
• Simulation
  • De bons sentiments, c’est essentiel. On aurait pu mettre un S pour Sentiment, mais Simulation est bien plus adapté. « OH MERCI MERCI JE VOUS AIME TELLEMENT PUBLIC » hurle le youtubeur en se caressant tendrement les tétons.
  • Le summum est atteint en live : Avec une exagération ôtant tout réalisme, le youtubeur va s’exclamer au moindre don en direct ! Un peu comme cette stripteaseuse dont on tire l’élastique du string pour y placer un billet invitant à un show plus enflammé. Là c’est exactement pareil : Chez les faquins, plus tu payes, plus ils simulent. Et les jeunes adorent ça. Cela les amuse, ça les flatte, ça les ruine, bref tout le monde en profite.
  • Quand les bons sentiments deviennent rentables : fuyez.

Voilà, maintenant arrêtez la lecture, allez au hasard sur Twitch ou Youtube Gaming et essayez de relever dans les lives les points que je vous ai cités. Quand on prend un peu de recul, et qu’on sort la tête de ce milieu, on se rend compte à quel point tout cela est faux, tout cela fait faux et artificiel.

« Mais toi tu as reçu des dons aussi ! Et tu as même été accusé de détournement des dons etc… »

J’ai en effet subi une violente campagne de diffamation, où on m’a accusé d’à peu près tout ce qui est possible et imaginable. Le détournement de dons étant l’une des accusations les plus violentes, je me dois d’y répondre brièvement. Pour ce qui est du temps où je dirigeais un collectif, contrairement à ce qui a été relayé, il n’y avait pas un système de dons mais bien deux :

• Les dons faits au collectif (et donc à sa gestion, dont j’étais en charge), qui servaient à financer partiellement les venues en convention (où personne ne peut dire qu’on n’y faisait rien), et s’il y avait un reste cela restait dans les caisses de la société pour constituer un besoin en fond de roulement, en accord avec tous les membres du collectif (comment aurait-il pu en être autrement ?)
• Et bien sûr, à part, les membres avaient chacun leur propre page Tipeee ou de dons, pour les recevoir directement, et ils en faisaient la promotion dans leur vidéo ainsi que sur le site. Il m’était donc physiquement impossible de détourner « leurs » dons, et tout le monde le savait très bien. Le collectif avait pour but de générer en priorité de la visibilité. Pour la rentabilité, chaque membre était encouragé à recevoir ses dons de son côté sans même passer par ce dernier, par souci d’efficacité… Pour preuve il suffit de regarder les dates de création des pages Tipeee individuelles de mes détracteurs, et vous verrez qu’ils recevaient leurs dons en totale autonomie. Mais ça, bien sûr, n’avait pas été abordé à l’époque, car ça aurait totalement brisé les accusations…

En somme, un système de dons peut tout à fait être éthique, mais sur Youtube c’est difficile de ne pas céder aux sirènes de la rentabilité. Et puis après il y a ce qu’on en fait. Parce qu’on parle toujours de la manière de les obtenir ou des montants, mais rarement de ce qui en est fait. Vous ai-je déjà parlé de ce type qui se payait des services sexuels avec son Tipeee destiné à financer « l’amélioration de sa chaîne »…? Non…? Oups, eh bien voilà qui est fait.

Vous pensiez avoir affaire à des créatifs ? C’est bien, ça veut dire qu’ils font bien leur travail. Qui n’est pas la créativité, mais bien avant tout le Marketing.

Malheureusement, ou heureusement, il y aura toujours des pigeons fiers de l’être. « Moi je suis fier d’aider untel car je vois qu’il fait plein de trucs et tout ». C’est bien. Mais de là à payer des grosses voitures à des types qui n’en ont absolument pas besoin et usent et abusent de votre crédibilité, il y a un monde. Et c’est bien ce manque de discernement qui permet à tout ce système de fonctionner bien au-delà de ce qu’il devrait.

Le financement participatif ou crowdfunding

Pouvoir lancer un produit en faisant reposer le risque sur les acheteurs et sans toucher à ses petites économies, taxer des gamins avec toutes les techniques marketing utilisées sur des adultes, en les relançant, jouant de fausses amitiés, en les culpabilisant etc, c’est possible avec le Crowdfunding (financement participatif) !

Vraiment, il y a des fois où cela franchit une ligne rouge…

On peut voir les dons réguliers comme un entraînement, et le financement participatif comme le championnat ! Une campagne de crowdfunding, c’est comme des dons mais avec un objectif, des contreparties obligatoires et un temps limité. Tous les coups sont permis :

• Multiplier les contreparties
  • Le but d’un financement participatif, normalement c’est de permettre à un projet de voir le jour pour des gens qui n’ont pas les économies nécessaires pour prendre le risque de produire des choses sans savoir s’ils vont les vendre ensuite. Autant faire prendre ce risque aux seuls acheteurs ! Poussé à l’extrême, le système revient simplement à se faire un maximum de marge. Et pour cela, le meilleur effet d’optique c’est d’offrir un maximum de contreparties. Des trucs pas chers, faciles à produire, mais les acheteurs n’y verront que du feu : Pour eux s’il y a beaucoup de choses (même moisies) alors ils en ont pour leur argent, non? Exemples typiques, je vous mets même les liens des tarifs de production pour que vous voyiez par vous-même à quel point on se fiche de vous :
    • Un truc dédicacé – Généralement imprimé sur un flyer. Coût de production : … 1 centime ?
    • Un poster – Ca part de moins d’un euro pour du A2… Et si on part sur du A3 alors là c’est du niveau du flyer.
    • Un vinyle de la BO du jeu / film / etc : 3-4€, parce que pour les gens un vinyle ça vaut au moins 20€ comme à la FNAC. Pareil pour les CD d’ailleurs
    • Un DVD exclusif !! … Allez, ça vaut peut-être 5€…
    • Des autocollants !! Disons quelques dizaines de centimes…?
    • Vous avez compris l’idée. N’oubliez pas que plus il y a de commandes moins c’est cher à l’unité.
  • Les gens adorent avoir des tas de trucs. Même si le tas de truc ne vaut pas un dixième du prix réel. Triste mais très effiace. Et là où je ne suis plus du tout d’accord, c’est quand on fait un crowdfunding « pour la passion sinon je suis à la rue« … Mais avec 80% de marge !! Là où ça pourrait être justifié pour un tout petit amateur qui ne vend que quelques dizaines de produits, des plus gros se font littéralement une petite fortune sur votre dos, en misant sur notre incapacité à simplement faire une addition ! Succès garanti !
• Enfoncer le clou avec les fameux bonus de paliers
  • Là c’est le même principe que les contreparties : Comme vous le savez, plus il y a d’acheteurs moins le coût de production à l’unité est élevé. Alors pour doper les ventes (surtout) et justifier un peu leurs marges (haha) les marketeux courageux entrepreneurs rajoutent des goodies. Regardez plus haut et vous reconnaîtrez certains d’entre eux. Succès garanti !
• Prendre les gens par l’affectif, à un niveau olympique
  • Je ne vais pas vous citer les méthodes psychologiques nombreuses pour faire culpabiliser son audience, ou celles pour inciter à l’achat en mode « vous pourriez dire j’y étais ». Histoire vraie : J’ai déjà vu au supermarché un type qui vendait des saucisses employer littéralement les mêmes phrases que j’avais entendu la veille pour une campagne Ulule.
  • Mais pour moi là où il y a mensonge et manipulation, c’est surtout au niveau des sous : A la base le youtubeur est censé faire campagne parce qu’il n’aurait pas les moyens de faire produire ses goodies avant de vous les vendre. C’est sans doute le plus gros mensonge. Beaucoup de youtubeurs que j’ai connu ont en réalité des milliers voire des dizaines de milliers d’euros d’économies. Et vous culpabilisent pour que vous leur donniez les vôtre. Suivez le parcours de l’argent et vous verrez comment fonctionne le système. Evidemment, ils sont extrêmement tendus sur la question, et refuseront systématiquement d’en parler. Félicitations, vous financez des gens qui n’ont pas besoin de l’être ! Succès garanti !
• Matraquage publicitaire énergique !
  • Pour les plus agressifs, vous entendrez parler de leur campagne de dons des semaines voire des mois avant le début de cette dernière (mais après… Moins). Le but est de vous marteler l’esprit avec leur angle d’attaque, généralement du type « ouiiii c’est mon rêêêêve et si vous m’aidez pas j’arrête touuut (faux) et ça va tuer la chaîne sinon (encore plus faux) et je sais que vous me soutiendrez parce que vous êtes des gens bien alors parlez-en autour de vous c’est pour une bonne cause (la mienne)« .
  • Vous êtes lassé par tant de marketing ? Vous en avez marre d’entendre votre youtubeur favori vous répéter sans cesse son argument vendeur ? Tant pis pour vous ! Retenez bien une chose : Si ils doivent choisir entre gagner des dizaines voire des centaines de milliers d’euros et perdre les plus évolués de leur fanbase, ils n’hésiteront pas ! Vous ne pesez pas lourd… Et puis ils finiront peut être même par faire une vidéo : « ohlala je m’excuse de vous avoir tant ennuyé avec mon crowdfunding mais bon c’était important (traduction : osef de vous, mais comprenez que je regrette pour que vous restiez abonnés dans le doute)« .
  • On se débrouille pour faire des caméos, des références, des partenariats avec des youtubeurs connus, comme ça on leur sert de faire-valoir et en même temps ils relaient la campagne. On peut tout à fait faire du forcing d’ailleurs. Par exemple une vidéo très élogieuse sur un youtubeur (plus connu hein) qu’on « admire ». On fait passer ça pour de l’admiration, et le youtubeur ne peut qu’approuver (sinon il va passer pour une ordure ingrate) et adouber l’initiative. Avec un peu de chance, il relaiera la campagne de financement participatif. Succès garanti !
• Minimiser la somme de départ pour faire croire que la campagne EXPLOSE !!! Alors qu’en fait pas vraiment
  • Astuce de base de toutes les plateformes : Simuler une explosion des soutiens, parce que c’est bien connu : le succès attire le succès ! On va donc vous recommander de définir un objectif pas trop haut, le genre qui fait suffisamment haut pour avoir l’air réaliste mais que vous êtes sûr d’atteindre idéalement en 24 ou 48h. Ainsi, comme vous aurez matraqué auprès de vos fans bien avant le début, la plupart d’entre eux achèteront dès le premier jour. Il en résulte une magnifique illusion de décollage intersidéral de la campagne. Froidement préparée et calculée. Succès garanti !

Rare moment privilégié filmé d’un crowdfunding réussi

Réfléchissons. Prenons du recul.

Si certaines campagnes proposent réellement un produit et sont honnêtes (si si), un business model correctement présenté et une équipe solide, d’autres sont des opérations marketing façon « pompe à fric » (et tristement ce sont celles qui ont tendance à marcher le mieux). Ne dépensons pas notre argent dans n’importe quoi, soutenir des causes ou des gens bidons ne rendra personne plus heureux. Bon à part les escrocs, bien sûr. Je partage toutes ces techniques pour tenter de réveiller les consciences. Quand on a les codes, on sait lire une campagne et regarder là où il faut.

Et il y a un autre endroit où il faut regarder impérativement avant de financer une campagne de crowdfunding : Les autres revenus de la personne

Souvent, j’ai remarqué que les youtubeurs font des campagnes de financement participatif qui visent à financer exactement la même chose que ce que les dons sont censé financer par mois. Il multiplient donc les sources de financement pour un même travail, en omettant évidemment de mentionner les dons déjà acquis dans leurs besoins en crowdfunding. Là ça s’apparente pratiquement à de l’arnaque. D’un point de vue strictement personnel, moi je trouve que c’en est.

Exemple typique : « Je fais un crowdfunding pour financer l’année 2022 de nos vidéos »… Sauf que la même personne ne dira à aucun endroit qu’elle perçoit déjà deux SMIC sur tipeee à côté, tous les mois. Et que donc, concrètement, son projet est déjà financé. Dès lors, se faire une marge de plus de 50% « pour vivre de son activité » est un mensonge pur et simple dans le simple but de faire de l’enrichissement personnel. Bref : Renseignez-vous avant de participer.

Certains, plus malins, vont contrer cela en rajoutant des participants : Ce n’est plus un personne qu’on soutient mais une équipe, donc « il nous faut au moins 500 000€ sinon on va tous finir à la rue et on va tous arrêter Youtube« . Un grand, grand classique. Ce qui n’est pas dit en revanche, c’est la répartition : Généralement il y a une, deux ou peut-être trois personnes qui vont réellement s’impliquer et percevoir 95% de tout l’argent, et tous les autres ne recevront que des clopinettes. Mais les fans, eux, croient financer équitablement l’ensemble, car les finances et le business model ne sont pas clairement expliqués. Et bien sûr, c’est sans aucune garantie réelle pour vous, acheteurs.

Encore une fois, ce ne sont pas les dons, ni le crowdfunding que je critique (ça c’est ce que diront les haters pour que surtout on n’écoute pas ce que j’ai à dire). Je critique toutes les dérives et les gens qui en abusent encore et encore.

Ces gens que ça ne gêne pas de manipuler des enfants pour qu’ils sortent la carte bleue, parfois celle des parents en leur faisant les yeux doux. Les gentils lapinous qui vous aiment de tout leur co€ur et de toute leur pa$$ion.

Les pires vont tellement loin que des parents, découvrant les montants des dons sur leurs comptes bancaires, font opposition (et parfois ça fait du bruit). Quand ça arrive, posez-vous des questions. A plus forte raison si les créateurs insistent pour que les enfants aillent quand même insister auprès de leurs parents pour les convaincre. Au passage, vous noterez parfois des petits « arrrangements » avec le fisc. Par exemple quand on participe à un crowdfunding d’un youtubeur qui a déjà sa société et que la facture qu’on reçoit est au nom d’une autre, voire d’une association (ce qui permet de frauder les taxes). J’ai grande hâte que la loi mette le nez là-dedans.

Succès = ( Pleurs x Abonnés + Potes x abonnés des potes ) x ( Prix + Qualité prétendue du produit + référence à une licence commerciale qui se vend bien ) ÷ ( coût réel des produits + fraude fiscale )

Vous noterez au passage que les plateformes de crowdfunding sont rémunérées au pourcentage de ce que les campagnes rapportent (en général 3 à 8%). Elles n’ont donc aucun intérêt à cadrer un peu ces ventes agressives et les tromperies qui vont avec, même si elles peuvent être de bonne foi, parce qu’il y en a vraiment beaucoup. Par contre, dès qu’il y a une campagne de cancel parce qu’un auteur a tweeté en 2002 une blague de trop, là vous les verrez réagir très rapidement. Une espèce de morale à deux vitesse, en réalité de la pure communication.

Il faut sensibiliser le public à appréhender les youtubeurs pour ce qu’ils sont : des personnages. Pas des personnes réelles. Tout n’est pas forcément mauvais, mais il faut absolument tirer la sonnette d’alarme sur les dérives.

Twitch Prime / Prime Gaming

Et n’oublions pas Twitch ! Avec son programme d’affiliation, les streamers reçoivent 2.49€ par abonnement Prime, en échange d’une exclusivité de contenu. Selon la popularité, ce montant peut évoluer.Il s’agit d’un abonnement payant, mais pas exactement comme fonctionne une offre Canal + : Chez Twitch, les abonnés (payants) bénéficient surtout d’une mise en avant particulière, une couleur, une petite citation en plein live etc; bref autant de technique destinées à flatter un peu l’égo et faire exister le spectateur quelques secondes au sein de son show préféré.

Pour inciter à l’achat, Twitch propose donc des emojis, et des tas de petites choses qui ne coûtent pas cher, mais qui brillent et attirent le chaland comme une balle de tennis attire sans faillir mon chien dans ses beaux jours.

Notons qu’Amazon Prime a dopé les abonnements « payants » : Avec un compte Amazon Prime, on peut soutenir une chaine Twitch par mois, sans débourser l’argent nécessaire. En bonus, les streamers peuvent également y recevoir des dons (généralement des jeunes en recherche d’un vague signe de leur idole, qui en profite bien); autant vous dire que rien qu’avec Twitch il y a de l’argent à se faire.

Et si certains streamers sont honnêtes et évitent d’abuser de tout ça, une grande partie au contraire va bien se garder de détailler ses revenus et alterner des appels aux abonnements et des phases de surexcitation pour attirer un max d’ados / préados pas toujours au fait des pratiques marketing…

Encore une fois, je le répète mais il faut être sûr que le message passe : Je ne critique pas tous les youtubeurs / streamers, mais les dérives et les pires d’entre eux. Il y a évidemment des gens corrects là-dedans, mais je ne peux que constater que ce n’est pas la majorité…

Aides et autres revenus

Le dossier ne serait pas complet si l’on ne prenait pas en compte les autres sources de revenus (dont on ne vous parlera pas forcément).

Je passe rapidement sur les fraudes fiscales etc, le plus souvent justifiées par « ouin ouin g gagné 3000€ mé g rien déclaré c pa ma fote g une phobie administrative » (réellement entendue).

Sachez que les youtubeurs, comme n’importe quels entrepreneurs ou indépendants, peuvent prétendre à des aides. Je ne vais pas les détailler ici, mais on a par exemple :

• L’ACRE, un dispositif dorénavant automatique qui détaxe les micro entrepreneurs de manière progressive les premières années.
  • J’y ai eu droit au tout début de ma première micro entreprise que j’avais dû faire au début des années 2010, mais depuis évidemment plus rien.
• Le CNC a également un dispositif d’aide aux vidéastes pour financer jusqu’à 50 000€. Il y a eu des rumeurs de copinage dans le jury, mais pour avoir eu la directrice du fonds à l’époque au téléphone, j’émets quelques réserves là-dessus.
  • J’avais tenté d’y prétendre, j’avais fait un dossier et tout en vue d’améliorer mon émission Jetons-leur des Tomates Pourries où je dénonce des arnaques, le but étant de pouvoir rémunérer un graphiste etc… Refusé. Deux fois. Tant pis, c’est le jeu.
• La SACD permet d’apporter une rémunération en droits d’auteurs.Pour avoir un ordre d’idée, selon le nombre de vues cela peut aller jusqu’à pratiquement doubler les revenus des vues de la chaine, mais plus généralement se contentera de les booster de 20 à 30%.
  • Il y a quelques années, mon network m’avait contacté en me promettant des milles et des cents en inscrivant mes œuvres à la SACD (et en prenant 30% de commission au passage). Ne le faites pas : La procédure d’inscription et de déclaration sur le site de la SACD est super simple. Pour la petite histoire : Ne connaissant pas les procédures à l’époque, j’avais accepté le contrat SACD avec mon network. La première chose qu’ils m’ont demandé c’était une session de droits de tous les participants (caméos compris). Etant seul sur ma chaine, j’ai donc naturellement contacté les gens qui m’avaient fait un caméo pour leur demander de signer une cession de droits d’auteurs sur celui-ci. Ma demande a été accueillie avec énormément de suspicion, de méfiance, et bien sûr de ghosting. A leur décharge, il est probable qu’à cette époque les rumeurs stupides me concernant étaient déjà largement relayées par-derrière par mes détracteurs pour mieux les valoriser : « Hey regarde, tu m’avais prévenu que Cyrix était un pervers narcissique manipulateur et comme par hasard il me demande de signer des cessions de droits » « ouais tu vois je te l’avais bien dit encore une preuve« …
• Les aides exceptionnelles comme par exemple l’aide COVID
  • Je sais que plusieurs vidéastes y ont eu recours. J’ai trouvé cela justifié pour ceux qui ont des vraies dépenses (équipe etc), mais il y a eu pas mal de parasitisme de types tous seuls dans leur chambre qui gagnent déjà 3x le smic…
• Et bien sûr les à-côtés.
  • Par exemple, un youtubeur qui dessine va facturer un dessin. Cela peut être également une intervention commerciale (dans un supermarché, voire en amphi…), ou encore un développement sur-mesure, les possibilité sont nombreuses.

N’hésitez pas à compléter cette liste en commentaires.

Ce que j’aimerais, c’est crédibiliser le milieu. Mais avant tout, il faut regarder en face ce qu’il est réellement. Des initiatives existent pour aller dans ce sens (et j’y adhère) : associations, etc… Ces dernières ont une approche business du travail de vidéaste, sans hypocrisie et j’espère qu’elles sauront gagner du terrain. Mais sans une véritable prise de conscience du public (parfois très très jeune et justement incapable de prendre du recul), je crains que les choses ne soient pas prêtes de changer.

On fait les comptes : Les taxes !

Vous l’aurez compris : Les sources de revenus pour un youtubeur sont nombreuses. Et la plupart d’entre elles ne s’activent qu’à partir d’un certain seuil : A partir d’environ 100 000 abonnés, on peut non seulement gagner de l’argent via la publicité glissées dans les vidéos, mais on peut raisonnablement lancer des crowdfunding conséquents, recevoir des dons, bénéficier d’aides importantes, se faire payer par les conventions, faire des vidéos sponsorisées, etc…

Par conséquent il est faux de dire que tous les youtubeurs gagnent très bien leur vie, mais il serait naïf de croire que les vidéastes à plusieurs centaines de milliers d’abonnés ont quoi que ce soit à voir avec l’apparence de simplicité qu’ils donnent.

Juste un mot sur les taxes pour finir :

• Soit on est indépendant, et donc avec une entreprises (SAS par exemple) ou une microentreprise (bien plus simple)
  • Ici la taxation est moindre mais cela nécessite une gestion rigoureuse car la responsabilité peut être engagée
• Soit on peut se faire faire un contrat de travail par une société tierce
  • Dans ce cas, il faut bien comprendre que non seulement les revenus sont taxés mais aussi le coût du salariat (qui paye la retraite, le chômage etc)

C’est la raison pour laquelle il serait totalement idiot de comparer un revenu du premier cas avec celui du second cas. Petit exemple simplifié des revenus des vues pour 2 000€ :

• Micro entrepreneur
  • Le network prend 20%
  • On retire environ 22% de taxes sur les revenus (c’est un forfait qui ne prend pas en compte les dépenses réelle, soit 99% des cas)
  • Ainsi, pour 2 000€ de versés par Youtube, l’auteur en toucherait environ 1 248€ avec une micro entreprise, soit les deux tiers.
    • Aussi, si il a pris l’option de versement libératoire de l’impôt sur le revenu, il ne paiera aucun impôt sur cette somme.
  • Le vidéaste cotise pour une retraite minimum, vraiment au râs des pâquerettes, et ne cotise pas du tout pour le chômage.
• Salarié dans un groupe, une société, un collectif, etc…
  • Le network prend toujours environ 20%
  • Les taxes sont calculées sur le résultat, à hauteur de 15% (on déduit donc les frais comme l’achat de matériel etc… Mais au moins on récupère la TVA sur ce dernier)
  • L’Urssaf va percevoir des cotisations sur le salaire
  • Une entreprise doit valider ses comptes par un expert comptable. Le coût se chiffre en milliers d’euros annuels. Je ne le prends pas en compte mais ramenés au mois ça impacte violemment la somme finale.
  • Ainsi pour 2 000€ de versés par Youtube le vidéaste percevra 1 003€ avec un CDI, sans compter le coût de l’expert comptable et des démarches administratives.
    • Et il paiera des impôts sur le revenu sur cette somme
  • Le vidéaste cotise mieux pour sa retraite et pourra prétendre au chômage en cas de fin d’activité.

Bien sûr chaque cas est particulier, et ce schéma reste simplifié, mais cela vous donne une idée de la différence et des choix que cela implique. Vous comprenez à présent que ces deux approches ne sont pas directement comparables.

ATTENTION :

Il m’est arrivé d’entendre des énormités à destination des plus crédules : « Ouais quand j’étais salarié dans ce groupe je gagnais 1000€ par mois et depuis que je l’ai quitté j’en gagne bien plus c’est bien qu’ils m’arnaquaient !!!« . Dans ce cas de figure il n’y a pas 36 solutions : Soit la personne qui fait une telle déclaration est d’une inculture et d’une stupidité qui confine à la moquerie, soit elle fait preuve de mauvaise foi et il s’agit là d’une tentative de manipulation du public pour se victimiser. A plus forte raison quand la société employeuse travaillait avec un network (et payait donc 10 à 30% des revenus) et que la personne en solo n’en a pas. Là les revenus pourront aller du simple au double et c’est tout à fait normal. Ne vous faites pas avoir pas ce genre de discours. Le tour de magie, c’est qu’en criant de telles accusations très fort, le défendant devra prendre la peine d’expliquer tout ce que je viens d’étayer en matière de fiscalité pour se justifier… Or en pleine tempête personne ne prendra jamais le temps de chercher à le comprendre. C’est une victoire facile pour l’attaquant, et une défaite monumentale pour l’audience manipulée par sa méconnaissance.

Au passage, gardez aussi à l’esprit que bon nombre de vidéastes ne s’embêtent pas avec toutes ces questions administratives et font tout au black.

Pour avoir géré un collectif, la fiscalité est une chose complexe et il est hors de question de chercher à s’en sortir sans expert comptable pour valider vos comptes; il va ainsi certifier la bonne tenue de ces derniers, et en cas par exemple d’accusation de détournement de fonds, c’est la probité du cabinet d’expert comptable qui sera attaquée avant le dirigeant.

Et tout ça sans compter les petites surprises. Anecdote :

Quand je tenais le collectif, sous la forme d’une SAS, j’avais des échanges réguliers avec le cabinet d’experts comptables. Un beau jour, à l’occasion d’un rendez-vous, il me remet ceci :

Une facture de près de 2000€, parce que, sans prévenir, ils avaient décidé de me facturer toutes les questions que j’avais pu leur poser par email ou téléphone. J’insiste : Sans prévenir. Le coût inattendu dépassant les réserves, une partie avait dû être répartie à l’époque entre tous les associés (j’étais loin d’imaginer que des années plus tard ces derniers m’accuseraient d’avoir carrément inventé la facture, que j’ai heureusement gardée).

Conclusion

Il faut arrêter une bonne fois de faire confiance à n’importe qui. APPRENONS A COMPTER.

Le but de ce témoignage est de vous donner plus d’autonomie pour ne pas vous faire avoir par toutes les déclarations larmoyantes et fortement biaisées de gens qui profitent d’un manque de connaissances.

Il n’y a heureusement pas que des gens malhonnêtes, mais il est assez dangereux de croire le milieu plutôt sain. Souvenez-vous de cette anecdote du type qui avait viré un collaborateur parce que celui-ci demandait à être payé…

Le résultat : Des milliers de gens peu informés, cibles faciles, dont des enfants avec des parents au smic, qui gaspillent leurs économies pour « soutenir » des parvenus qui gagnent plus que ce qu’eux ou leurs parents ne gagneront jamais. Je crois qu’il faut arrêter ça, et la meilleure manière de le faire c’est d’informer. Partagez ces articles (même si vous ne voulez pas me faire de pub au pire cachez mon nom je m’en fiche). Parlez-en. Ne laissez pas l’ignorance l’emporter.

Si on devait trouver un nom à tous ces abus, ce serait le commerce de la bêtise. Prendre les gens pour des glands, plus qu’un métier : une passion. Mais ne doutez jamais de la détermination de ceux qui en vivent : Il en faut pour mentir tous les jours et en faire son quotidien, son métier. Quand on est dans ce milieu, on se fait aspirer très progressivement dans ces valeurs. Tout cela devient normal. L’effroi survient quand on en sort et qu’on regarde en arrière, on réalise alors la véritable nature de tout cela.

Tous les youtubeurs ne sont pas pourris, mais il y en a encore trop qui abusent, vous avez le pouvoir pour assainir cette situation.

Au final, qu’est-ce que bien gagner sa vie ? J’ai fini par trouver une réponse satisfaisante, au regard de mon expérience passée :

Bien gagner sa vie, c’est gagner suffisamment pour ne pas avoir besoin de mentir sur ce qu’on est, ce qu’on aime, faire l’idiot pour divertir des jeunes qu’on manipule et se prendre pour ce qu’on n’est pas. Ainsi j’estime qu’un technicien de surface gagne certainement bien mieux sa vie que de nombreux youtubeurs connus. Lui au moins en rentrant chez lui le soir a trois certitudes : Il sait qu’il a fait quelque chose d’utile, son travail n’influe pas sur ses relations, et même si ce qu’il fait ne paye pas de mine, au moins il est vrai.

BONUS : Le calculateur de revenus de youtubeur / streamer !

Pour vous aider à vous faire une idée sur la réalité des choses et lever le voile sur les moyens réels de ceux que vous soutenez, j’ai mis au point un petit calculateur qui peut vous aider à vous faire une idée de combien gagne réellement tel ou tel youtuber ! Amusez-vous, faites le test avec vos créateurs favoris (surtout ceux qui demandent des dons, vous aurez des surprises) :

Le calculateur de revenus de youtubeur / streamer

Vous pouvez apporter vos propres témoignages en commentaire; une seule règle : anonymisez tout, soyez dignes, nous sommes là pour partager des expériences et non salir des gens.

Les faits présentés ici sont bien réels. Mais pour respecter l’anonymat, les lieux, dates, et caractéristiques des personnes ont été changés.