L’incroyable histoire du Colonel Sanders ?

Temps de lecture : 3 minutes

Tout a commencé avec ce tweet : https://twitter.com/ThomasCyrix/status/1186277965241507840

Cette histoire vous a inspiré ? Vous avez appris quelque chose ? Vous vous sentez plus sage et un peu plus cultivé ?
> Félicitations, vous venez juste de consommer du « prêt-à-penser » 😛 !

Rassurez-vous, on tombe tout le temps dans ce piège, moi y compris, c’est d’ailleurs pour cela que je me livre à cette petite démonstration.

En flattant notre bienpensance, il est facile de nous faire gober n’importe quoi en déformant légèrement les faits (juste un peu, ça suffit !), pour nous mener à penser exactement comme le veut notre « inspirateur ».

Il manque beaucoup de « détails » pour rendre sa réalité à cette fable sur le « Colonel » Sanders :

  • A 25 ans il obtient un diplôme de droit et devient juge de paix. Il n’a pas du tout échoué ça et a bien vécu grâce à ça, jusqu’à se faire radier suite à une bagarre de bar (il avait un sacré tempérament)…
  • A 40 ans il ouvre une station-service où il adapte sa restauration rapide. Gros succès.
  • 5 ans plus tard il obtient le titre honorifique de « colonel du Kentucky » suite à un stage à l’université Cornell.
  • 4 ans plus tard son restaurant brûle, mais il le refait en y adjoignant un motel. Gros succès.
  • A 59 ans il se remarie et reçoit à nouveau un titre honorofique. Ses affaires se portent à merveille.
  • Il tente une franchise 3 ans plus tard en vdenant les produits de son restaurant à des cuisiniers.
  • Suite à un projet d’autoroute il est contraint à liquider son commerce, et connait là une période creuse, où il en profite pour convaincre des établissements d’investir dans sa recette. En quelques années, le succès explose.
  • A 74 ans KFC génère 300 000$ de profit par an, il revend alors le tout pour 2 millions de dollars.
  • Mais il perd du coup le contrôle de sa franchise et la renie, la qualité y ayant été sacrifiée sur l’autel du rendement. Il condamnera l’excécrable qualité de la cuisine dans ces restaurants jusqu’à la fin de sa vie en 1980 à 90 ans.

Vous avez noté tous les petits détails qui avaient été omis de l’histoire initiale, pourtant très crédibles car constituée de faits vérifiables ?

Il n’a donc jamais été « milliardaire » (il a touché 2 millions de la vente de sa recette et une rente de 75 000$ par an, milliardaire c’est 1000 millions), n’a clairement pas connu « que des échecs toute sa vie », n’a jamais acheté de friteuse du jour au lendemain (il détestait ça et préférait l’autocuiseur, il a passé des années à optimiser sa recette), et a globalement connu plus le succès que l’échec.

Et surtout, la morale simpliste « tout le monde peut devenir milliardaire même à 65 ans en ayant strictement fait qu’échouer toute sa vie » ne s’applique du coup plus du tout. Certains faits étaient même suffisamment déformés pour que ça en devienne des mensonges.

Si il a pu remonter la pente après avoir été ruiné, c’était grâce à la réputation de ses précédents succès, à son savoir et son expérience durement acquis et à un travail acharné.

J’ai pris un exemple qui a été réalisé en toute innocence pour appuyer un point de vue plutôt positif, ses conséquences sont très limitées, mais gardons bien à l’esprit que le même mécanisme est utilisé pour nous faire réagir et adhérer à des idées parfois contre notre propre intérêt.

J’ai trouvé cette histoire sur Linkedin. Et sur Internet, des gens qui nous racontent des fables, il n’y a pratiquement que ça. Parce que ça flatte l’égo, ça fait vendre, et ça rapporte du clic et de la visibilité.
Et si là l’histoire était contée dans un but gentillet, malheureusementd e la même manière, on peut être amenés par une comm’ bien ficelée à adhérer à des choses vraiment scandaleuses.

Gardons un esprit critique.

Et maintenant regardons combien de gens auront commenté l’histoire initiale sans aller jusqu’au bout (mais sans les juger, n’oublions pas que nous sommes tous concernés par ce genre de procédés) 😛

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